Il n’y a pas qu’en France que le délit de solidarité a cours (voir ici, ici et là). En ce mois de janvier, la Grèce à aussi vu des contrôles policiers, des arrestations et des poursuites à l’encontre des personnes solidaires des exilé-e-s.
Un rapport sur des fait constatés dans les îles grecques de Chios et de Lesbos, à proximité des côtes turques :
« Rapport (14/01/2016) de Chios, qui montre typiquement comment la situation s’est exacerbée au cours de la semaine dernière :
· Le déploiement de FRONTEX a commencé sans aucune information venant du gouvernement grec en direction des politiques locaux et de la population locale.
· FRONTEX est maintenant présente partout. Des patrouilles sont déployées de manière permanente dans les lieux où les bateaux de réfugiés touchent terre. Les policiers de FRONTEX sont assis avec les policiers grecs dans les voitures de police grecques.
· Les garde-côtes – probablement sur ordre de FRONTEX – n’autorisent plus les bateaux de pecheurs loués par les associations d’aide à quitter le port et à aider les réfugiés sur les bateaux pneumatiques à gagner le rivage.
· La police grecque avec les flics de FRONTEX demandent leurs dicuments d’identité à tous les aidants sur les plages sous prétexte d’empêcher que les réfugiés ne soient dévalisés, les bateaux pillés et les moteurs volés.
· Aujourd’hui (14/01) des douaniers sont allés dans un petit port pour contrôlers les boites contenant des vêtements etc qui sont envoyées par des citoyens aux organisations et groupes qui apportent les premiers secours aux réfugiés qui arrivent.
· Le volontaire espagnol qui a pris des photos du bateau néerlandais de FRONTEX dans le port et qui a été arrêté, va probablement être poursuivi pour “espionage”.
· Les deux volontaires suisses qui ont été pris avec un peu de hachich ont été condamnés chacun à 8 mois de prison sous caution.
· Il semble que la situation a aussi empiré sur la côte turque. Les bateaux patrouilleurs sont pendant toute la journée présents dans le détroit entre la Turquie et Chios pour qu’aucun bateau ne puisse passer. Alors que le temps était très beau et la mer calme aujourd’hui (14/01), aucun bateau de réfugié n’est arrivé avant tard le soir.
Post-scriptum (17/01) LESBOS
· Les procédures préliminaires contre trois pompiers espagnols qui ont décidé de quitter leur travail pour aider les réfugiés dans la Mer égée et deux Danois sont en cours. L’ONG danoise a mis un bateau rapide à disposition pour des missions de sauvetage, à bord duquel étaient ces cinq personnes. Ils ont remorqué un bateau pneumatique de réfugiés jusqu’à la côte grecque. Ils sont maintenant accusés d’avoir aidé à l’entrée de “migrants illégaux”, ce qui est un crime grave en Grèce. Le procureur les poursuit parce qu’un bateau de garde-côtes et qu’il n’avaient pour cela pas besoin de secours immédiats.
Hier (16/01), ils ont été amenés devant un juge d’instruction qui – après presque 12 heures d’investigation et l’audition de témoins, parmi lesquels aussi des parlementaires de Syriza – les a libérés sous une caution de 5000 € chacun et 10000 € euros pour le Danois à qui appartenait le bateau.
· Un autre bateau avec 17 réfugiés a fait naufrage la nuit d’avant-hier dans le Détroit de Samos. Jusqu’à présent six personnes ont été retrouvées mortes
· La préfecture du Dodecanèse a décidé de contrôler toutes les ONG actives dans les îles du sud de l’Égée ainsi que tous les médecins; ils auraient à fournir la preuve qu’ils sont médecins et devraient recevoir un certificat ad hoc.
· The Le gouvernement Syriza a décidé le 31 décembre 2015 que le fonctionnement des centres de rétention serait prolongé jusqu’à fin 2018.
Arrêtez la criminalisation de la solidarité avec les réfugiés MAINTENANT !
Avec le temps nous apprenons à nous attendre à tout avec le gouvernement « pour la première fois à gauche » de Syriza, mais nous restons choqués devant la criminalisation de la solidarité avec les réfugiés, une politique qui ressemble de plus en plus à la politique de ses prédécesseurs et à celle de ses partenaires européens.
La semaine dernière a commencé la mise en place de la mise à niveau des policiers de Frontex, qui ont maintenant le droit de contrôler les citoyens grecs et étrangers ou les membres d’organisations sociales et politiques qui offrent un soutien aux réfugiés, que ce soit en les sauvant ou en réalisant des actions d’accueil et de solidarité (ciosines sociales, distributions de vêtements) avec l’arrivée des gens dans les îles. À Chios, un Espagnol solidaire est poursuivi pour espionage parce qu’il a photographié un bateau de Frontex. À Mythilène, des membres danois et espagnols d’ONG de solidarité qui ont remorqué un bateau vers la côte de Lesbos pour secourir les personnes qui y étaient embarquées sont poursuivis pour le crime d’aide à l’entrée d’étrangers illégaux.
Les accusations sont artificielles et sans contenu, et ne nous leurrent pas : s’il y a avait une politique organisée, adaptée, déterminée et effective d’accueil pour les réfugiés et immigrants, il n’existerait pas de phénomène d’abus et d’exploitation, dont, à côté de la « sécurité » de la frontière, les nouvelles formes de gestion et de répression qui sont si soudainement et immédiatement initiée par le Ministère de l’immigration sont sensées nous protéger. Le fait que le purgatoire de Petrou Ralli[i] fonctionne dans des conditions inacceptables, le fait qu’il y ait sous ce gouvernement qui se dit de gauche des centres de rétention, des Amygdalezas [ii] , des Hot Spots[iii] et que les personnes solidaires soient poursuivies en justice dans les îles, constitue une politique répressive et raciste.
Il est exigé [iv] du gouvernement Syriza de gérer la question européenne brûlante de la fermeture et de l’expansion des frontières pour empêcher par tous les moyens possibles la fuite des populations de « là-bas », de la terreur et de la misère des guerres impérialistes, des dictatures locales, du terrorisme fasciste type Daesh, et du jeu géostratégique de la puissance. Le fait que la Grèce ait été converti en en pays souis à un contrôle d’acier et qu’elle ait perdu sa libre volonté, force aussi le gouvernement à abandonner ses positions fondamentales d’avant les élections par rapport à la question des réfugiés et assigne à nouveau au pays le sale boulot de faire le tri entre réfugiés et migrants et d’expulser un grand nombre de personnes en quête de refuge. À son tour la Grèce essaye de pousser la pression de l’interception vers la Turquie.
Le gouvernement sous pression essaye de mettre la pression sur la solidarité : il s’embrouille avec les personnes solidaires et imagine des critères d’accréditation ridicules pour ceux qui aident les réfugiés. Rappelons que c’est grâce à la solidarité remarcable et sans précédent qu’ont montré tant la population locale sinistrée par la crise que les personnes solidaires de Grèce et d’Europe, qu’une certaine cohésion sociale est encore maintenue dans les îles. Le gouvernement leur est redevable, ils ne doivent rien au gouvernement.
Nous demandons :
La fin immédiate des poursuites contre les personnes solidaires
Le départ de Frontex de la Grèce
Le démontage de la clôture de l’Evros
La construction de structures d’accueil ouvertes et adaptées
L’asile politique pour les personnes qui relèvent de l’asile
La régularisation des immigrants
NE TOUCHEZ PAS AUX PERSONNES SOLIDAIRES
Réseau pour le Soutien Social aux Réfugiés et Migrants
Réseau pour les Droits Politiques et Sociaux
15.1.2016
[i] Le centre de rétention de migrants de la police d’Athènes
[ii] Amygdaleza est le plus grand centre de rétention grec, à environ 20 km du centre-ville d’Athènes
[iii] Les nouveaux centres d’identification (jusqu’à présent à Lampedusa, en Italie, et dans trois iles grecques, 5 étant prévus), ou selon une procédure accélérée il est décidé si le réfugié va recevoir l’asile ou un droit de rester temporairement en Europe, ou s’il va être expulsé
[iv] i.e. par l’Union européenne
[v] La clôture à la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, qui empêche les réfugiés de franchir la frontière par la terre »