Enfermement, conditions matérielles déplorables, manque d’information, les demandeurs d’asile du centre fermé de Kiskunhalas ont entamé avant-hier mercredi 1er juin un mouvement de protestation.
http://www.migszol.com/blog/solidarity-with-the-people-protesting-against-poor-conditions-in-the-closed-asylum-detention-center-in-kiskunhalas-hungary
« Solidarité avec les personnes qui protestent contre les mauvaises conditions dans le centre fermé de détention des demandeur-se-s d’asile à Kiskunhalas, Hongrie
Les personnes emprisonnées dans le le centre fermé de détention des demandeur-se-s d’asile de Kiskunhalas ont organisé une protestation hier, 1er juin 2016. Aujourd’hui, la protestation continue. Ils demandent la liberté de quitter la prison et de vivre dans un camp ouvert, une procédure d’asile plus rapide et de meilleures conditions de vie dans le camp. D’après Julia Ivan, une juriste du Comité Helsinky Hongrois, une proportion importante des personnes qui protestent sont des gens que la Hongrie essaye d’expulser en Grèce dans le cadre du règlement Dublin III, malgré le fait que le Cour Européenne des Droits de l’Homme ait statué contre de telles expulsions.
Kiskunhalas est un des centres de détention des demandeur-se-s d’asile, où ceux et celles-ci sont maintenu-e-s emprisonné-e-s jusqu’à six mois, sans avoir jamais commis de crime. Les conditions dans ces camps sont encore plus mauvaises que dans les « camps ouverts » – dont des violecnes courantes de la part des gardes, un accès insuffisant ou absent au soutien juridique, aux soins, à la nourriture, à des travailleurs sociaux, ou à des traducteurs (voyez notre campagne anti-détention pour plus d’informations). Les personnes sont coupées de l’extérieur, avec environ 10 minutes d’accès à internet par jour et pas de téléphones portables autorisés. Le soutien juridique de qualité est limité, mais de nombreuses personnes nous ont dit qu’on ne leur avait simplement pas dit où et quand elles verraient un juriste à propos de leur demande. La Fondation Cordelia est présente une ou deux fois par mois pour offrir un soutien psychologique.
Depuis 2013, la politique du gouvernement est de détenir les personnes qui sont condidéréées comme à risque de quitter le pays pendant leur procédure d’asile. Dans la réalité, la pratique en est beaucoup plus répandue, comme souvent détenir des personnes selon leur nationalité ou d’autres critères arbitraires. À ce moment-là, le HCR avait critiqué la Hongrie parce qu’elle rendait la détention arbitraire systématique. D’après les personnes que nous connaissons dans le camp, en ce moment environ 90 % des réfugié-e-s à Kiskunhalas vivaient auparavant dans un camp ouvert, mais ont ensuite été conduites en prison après avoir essayé de continuer vers l’Autriche, quand d’autres sont venu-e-s directement de la frontière serbe. La majorité des personnes viennent d’Afghanistan, Syrie, Irak et Iran, mais nous avons aussi parlé avec quelqu’un empêché de retourner dans son pays au Kosovo.
Le manque d’information a conduit à l’indignation. La plupart des personnes dans le camp ne savent pas pourquoi est sont maintenues en détention. Les informations paraissent inexistantes et il n’y a pas de soutien disponible à l’intérieur du périmètre entouré de grilles et fortement gardé du camp. D’après nos contacts, le seuls moments où les personnes reçoivent des informations est quand leur détention est prolongée de deux mois. La plupart des réfugié-e-s ne savent pas si leur procédure de demande d’asile continue. Ainsi, pour le moins, un environnement idéal pour produire un profond mécontentement, la déception et le désespoir.
« Quand les crimes s’accumulent, il deviennent invisibles » a écrit Bertolt Brecht. Il aurait pu facilement décrire l’évolution du système d’asile hongrois. Ses changements et réformes constants, entraînant une escalade rapide vers le désastre, et trouvant alors des moyens plus humiliants et répressifs d’amener les survivants de la Méditerranée, les endurants d’Idomeni, les vainqueurs des clôtures, au désespoir et à la résignation. Tout ceci ne paraît plus choquer quiconque, engourdis par la lente abolition du droit d’asile et la normalisation générale des tendances autoritaires.
L’épisode le plus récent de la tragédie de la migration en Hongrie n’était cependant pas invisible. Au contraire, encore une fois, les gens ont dû combattre eux-mêmes sous les yeux du public pour que leur cris vers la liberté soit entendu, pour pouvoir exprimer leurs demandes politiques. Ce premier jour de juin les gens dans la prison pour réfugié-e-s de Kiskunhalas en avaient assez. 300 des 484 détenus ont commencé à protester en chantant « liberté » et en montrant des pancartes annonçant une grève de la faim. La foule a été rapidement maîtrisée par un nombre égal de policiers, ce qui a conduit à plusieurs heures de confrontation.
Les manifestants ont choisi trois représentants pur parler en leur nom. L’un d’eux, un réfugié syrien, a remis une pétition avec leurs demandes. Parmi elle il y avait la liberté de quitter le camp, des procédures d’asile plus rapides et de meilleures conditions de vie. La délégitimation immédiate et brutalement sans compromis est venue sous la forme du principal conseiller sécurité du gouvernement György Bakondi évoquant la menace de violences venant des manifestants tout en rejetant toutes les demandes. Bien que la sécurité soit utilisée comme un moyen de légitimer la répression et ignorer les revendications politiques des migrants, le danger de la violence est réelle. Placer les gens dans des prisons, dans ces conditions, est une recette pour l’escalade.
MigSzol est solidaire des manifestants et de leurs demandes et condamne fermement la pratique de la détention. MigSzol est aussi inquiet des conséquences à long terme de mettre les personnes dans ces conditions, bien sûr pour elles mai largement pour la société. L’aliénation et la colère provoquées inévitablement par ces conditions ne peuvent certainement pas être quelque chose que qui que soit en Hongrie désire. Pour finir, nous sommes profondément désappointés par certains médias hongrois, qui ont jusqu’ici été critiques par rapport à la propagande de guerre de la Fidesz, et qui ont maintenant commencé à utiliser le même langage que le gouvernement. Ils le rejoignent en appelant les personnes « migrants illégaux », jugeant de leur caractère sans avoir jamais parlé avec elles, les accusant de demander l’asile simplement pour arrêter leur expulsion prochaine. Migszol va protester contre ces pratiques éditoriales en écrivant aux responsables des médias et aux journalistes pour les interpeller directement. »